Les jours d'après
28 mai 2020
La France retient son souffle
En 46 ans à Paris, toujours très pris, agenda super chargé !
Le 20 mars, tout ce qui figurait dans mon agenda : effacé ! Je n'avais jamais connu cela.
Une image sur la télé m'a surpris : des canards séjournant sur les grandes avenues parisiennes.
Et surtout deux autres : la première, Paris enfumé, pollué lourdement. La deuxième image : claire, un ciel pur. Enfin le CO2 fout le camp…
Deux mois enfermée, la France retient son souffle.
Ceux qui ont des balcons sont ravis. Les autres dans les HLM, étouffent, surtout ceux et celles qui vivent à 4 dans 40 m2. Calvaire pour beaucoup.
La résurrection arrive. On dit « sortez ». Mais prudence : « écartez-vous », « masquez-vous » !
Votre tronche n'a plus que des yeux. Tout le reste est anonyme.
On entre dans une aire que les dirigeants appellent « guerre ». Sans fusil, sans canon, mais en bataille continuelle où tous et toutes, même les clébards, s'embusquent face à l'ennemi invisible qui joue avec nous avec une perversité diabolique.
On salue chaque jour à 20 heures celles et ceux qui tentent de débusquer ce putain de virus. Au péril de leur vie, pour certains.
Les « morts pour La France » ont droit à La Légion d'Honneur.Alors qu'un bout de chiffon sur le nez est arrivé trop tard pour eux.
Les bars et restaurants frétillent d'impatience de rouvrir pour nous.
On attend leur ouverture. Ils tardent.
Les magasins paient très cher leur porte ouverte. On ne peut plus se côtoyer. Il faut se fuir, regarder sans cesse par terre, la place où on sera libre, enfin.
Victoire pour les prisons ! En quelques semaines, le Covid-19 a réussi là où depuis des décades tous les gouvernements tentaient de lutter contre la surpopulation carcérale. Les prisons connaissent une relative sécurité, de 75 000 détenus on est passé à 58 000 ! L'ambiance a changé en taule.
Quant aux responsables, ils la ferment et observent un impressionnant silence. Eux qui sont si souvent prompts à dénoncer la moindre mesure de libération.
Conclusion
« L'essentiel » de nos vies apparaît face à cet énorme choc. Puissions-nous le rechercher tout de suite. Demain ce sera trop tard.
Notre maladive envie de prendre seul le volant, cigarette au bec et musique à fond, nous apparaît tellement stupide qu'on lorgne les vélos et qu'on pense à la marche à pied, enfin !
Quant à l'économie, on cherche désespérément ce qu'on va faire pour combler nos dettes qui s'allongent autant que les files d’attente de ceux qui cherchent à manger et à dépenser à tout va. Notre maladie consommatrice compulsive...
Notons surtout les gestes innombrables de solidarité, anonymes, que nous avons d'un seul coup réinventés. Un miracle ! Ça c'est super. Notre formidable « Chacun pour sa gueule et son cul » doit s'effacer. Notre démocratie risque devoir le jour. A condition que l'on s'interroge sur sa beauté et sur nos disputes continuelles qui sont là, telles le plus pernicieux des virus.
Il n'y aura pas de vaccin pour ça. C'est toi qui décides que tu en seras le seul docteur...Tout de suite.