La lumière du monde
Mes 80 ans juste sonnés, voilà les emmerdes qui commencent. Il y a longtemps pourtant qu'un oculiste m'avait dit que la cataracte qui s'annonçait allait devoir être opérée. J'y consens enfin.
Mais il faut se doucher la veille et se redoucher le matin de l'opération - un double cauchemar pour moi qui déteste les douches. Ça me rappelle quand j'étais petit, ma mère qui m'envoyait faire ma toilette. Croyant la corvée faite, elle me demande si je suis bien propre. Je lui réponds « Oui, mon bras droit ». Elle me renvoie finir le reste prestement en riant.
Ça y est, mon oeil gauche est opéré. Rapide intervention. Je pense alors aux non-voyants qui eux ne distinguent rien. Je pense à tous ceux et celles qui tâtonnent avec un bâton blanc. Qu'il est bon de voir sans lunettes ! D'apercevoir les visages, la nature si belle, ou quelque saison. Heureux sommes-nous. Même s'il faut se doucher deux fois, pour qu'aucun microbe ne vienne obscurcir la lumière du monde.
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