A-Dieu Jacques !
C’est avec joie que j’ai rencontré Mgr Gaillot, la première fois mais à la télévision. Son verbe et son sourire déconcertant m’ont fasciné. J’ai voulu le connaître. C’est en Algérie que, pour la 1ère fois, je l’écoutai.
Il prêchait la retraite sacerdotale des prêtres du diocèse d’Alger. J’avais aimé son franc-parler et, surtout, son sens vibrant de l’Église. Il nous avait commenté l’Evangile avec feu, nanti de sa parole directe et, surtout, incarnée dans l’Église. A ce moment-là, j’étais prêtre en Algérie, vicaire à Blida...
Je travaillais avec de nombreux jeunes algériens à qui j’offrais dans un « groupe d’amitié » que j’avais fondé avec de multiples ateliers où ils s’ingénient à construire leur avenir avec passion. C’était en 1962 la fin de la guerre d’Algérie où j’avais passé 3 ans de service militaire, vivant l’horreur d’une guerre particulièrement sale...
Jacques Gaillot avait réchauffé le peu de prêtres en Algérie qui maintenaient leur présence, malgré le million de pieds-noirs chrétiens qui avaient quitté l’Algérie en fonction de... « l’offre » qui leur était présentée par certains de l’Algérie nouvelle : « la valise ou le cercueil »... Jacques Gaillot avait su nous donner un Evangile de combat et de tolérance, face au petit nombre de paroissiens qui restaient.
J’avais été saisi dès son arrivée dans son évêché d’Evreux par le fait qu’il avait décidé d’être aumônier de la prison, le prêtre chargé de cette aumônerie étant malade. Six mois d’aumônerie de prison l’avaient conforté dans son choix de vivre avec les plus pauvres. Très averti pour toutes les prisons que je visitais, je l’avais mis en garde fraternellement. Il a (pourtant) invité chez lui un prisonnier et ce dernier, pour le « remercier » de son aide lui avait volé son portefeuille !
J’avais bien rigolé face à cette mésaventure quand il m’a appelé pour m’informer. Sa candeur était aussi grande que son ardent désir d’aller vers les plus pauvres. Par ailleurs, Jacques ne savait pas résister à la demande répétée des journalistes des chaînes de télévision et des appels nombreux des personnes qui le sollicitaient sans cesse pour les rejoindre hors de son diocèse. Il bénissait les divorcés et les homosexuels.
L’Église d’alors lui a fait quitter son diocèse, au grand dam de beaucoup de chrétiens. J’étais avec lui et les 20 000 personnes venues manifester lors de son départ du diocèse d’Evreux.
Donner la communion avec lui ce jour-là a été pour moi une grande joie.
Je suis venu le 19 avril dernier dans l’église Saint-Médart, dans le 5ème arrondissement de Paris, pour la cérémonie religieuse qui nous réunissait lors des obsèques dans une foi émouvante avant que... « maintenant », je te rejoigne... En effet, tu plaisantais souvent sur ton âge et sur le mien, vu qu’on avait qu’un seul jour de différence : tu étais né le 11 septembre 1935 et moi le 12 septembre 1935...
Joie de te rejoindre, toi l’ancien ! Toi qui m’as tant dynamisé et, surtout, avec le feu de l’Evangile.
Guy GILBERT – En retraite ce WE dans un monastère Seine-et-Marne.
Dimanche après-midi 23 avril 2023.